De toi plus personne ne veut, vieille carne, avec tes pauvres sabots crasseux qui s’incarnent. Il faut dire que tu n’as pas de chance ! De tout l’homme ne se contente qu’un court instant… Alors fougue, force, prestance, ne pèsent pas lourd dans la balance. Pas plus que ces millénaires à jouer sa plus noble conquête, à consentir sa domination, son plaisir, à s’accepter à son service… Et pour finir ?

 

 

Un tracteur arrive et vous n’existez plus… Un jour tu quittes le champ, l’écurie, la ferme… Le camion qui t’emmène, toi et les autres devenus inutiles – chômeurs radiés avant d’être inscrits -, moi je sais où il va.

 

Ce que je sais moins, c’est ce qu’il adviendra après. A cause du bœuf, oui, cet autre, devenu encore plus noble que toi… C’est là que le génie humain ne connaît plus de limite. Car oui… Une fois dépecé, découpé, désossé, surgelé, décongelé, mijoté, mitonné, mixerisé, edeuxcentdixé, recongelé, quelle différence ?

 

La plus noble conquête de l’homme, même atomisée, reste égale à elle-même ! Car sans toi, comment auraient-ils su pour leurs boulettes, leurs lasagnes, leurs steacks hachés, leurs raviolis, tous leurs jolis plats cuisinés ?

 

Non, vraiment, et même si je n’aimerais pas être à ta place, tu m’étonneras toujours !

 

Ton ami de toujours, l’âne

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