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Ils n’auront laissé finalement que les corps. Sans doute avaient-ils déjà trop pris. Sans doute ne contrôlaient-ils plus la situation, peut-être étaient-ils allés trop loin.
Ils ne leur ont laissé finalement que leurs corps. Quelque part en limite des zones interdites. Pris au piège d’une impasse à ciel ouvert, un camp de larmes, un lotissement du malheur où ils errent, prisonniers d’un temps fantôme.
Ils ne leur ont laissé que leurs corps, mais dans quels états ? Des pieds foulant un sol qui n’est pas leur. Mouvant dans des maisons sans histoire, sans ces souvenirs qu’ils n’ont pas eu le droit d’emporter. Tête amputée de toute projection dans ce futur qui pour eux n’existe plus, obsédée seulement par la volonté d’un impossible retour.
Ils ne vivent plus. Ils se contentent d’exister, cœurs battant mécaniquement en un triste silence, ce qu’il reste d’âme figé de nostalgie. Aux portes d’une nature devenue à jamais vénéneuse, parce que leurs semblables y ont un jour engendré la pire des colères.Les jours, les semaines, les années passent. Parfois, leurs corps reviennent chez eux, comme ils voyageraient vers un temps d’où leurs esprits n’ont jamais pu partir, dans un décor qui était il y a encore peu le théâtre de leurs rêves et qui semble les avoir depuis attendus.

Mais ils ne rêvent plus, ils n’espèrent plus, ils ne sont plus mus que par la seule volonté d’un impossible retour.Ils ne leur ont laissé finalement que leurs corps. Ils pleurent encore, ils pleurent encore.


2 commentaires

erika donis · 17 avril 2013 à 13:45

Superbe et émouvant!

Christopher Selac · 17 avril 2013 à 14:09

Merci Erika !

D’une certaine façon, c’est une esquisse en vue du troisième roman, Trois cœurs en fusion.

A très bientôt,

Christopher

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