Trois cœurs en fusion, tel que je m’en fais l’idée, c’est d’abord et avant tout trois générations d’une même famille confrontés aux événements de 2011. Trois personnages majeurs dont l’existence va être bouleversée à tout jamais.
Comme j’en ai pris l’habitude lors de mes deux premiers romans, je façonne les acteurs principaux dans des fiches, rédigées, dont le contenu dépasse les simples descriptions physiques et psychologiques. Dans le cas présent, c’est même un arbre généalogique qu’il faut construire.
Mettre en scène trois générations, c’est au minimum en construire le double : les deux générations précédant le plus ancien, la prochaine génération qui naîtra du plus jeune. Trois générations d’une même famille, ce n’est pas seulement un représentant par génération, mais au moins le double : le conjoint pour la première génération, les frères et sœurs de la deuxième et à mesure qu’ils vieillissent leurs conjoints, quand ils en ont eu…
Les micro-événements qui les ont réunis, les déchirures qui, si elles ne les ont pas séparés, ont influé sur leur personnalité initiale jusqu’à la dénature, sont restées blessures ouvertes sous peaux carapaces. Les espoirs fondés par les plus vieux sur les plus jeunes, la charge que les seconds auront ressenti et accompli par devoir, les déceptions nées chez les premiers des chemins éloignés que la progéniture aura parfois suivi.
Et à cette foule déjà nombreuse, à ces soixante années de vie couvertes, viendront s’adjoindre qui l’ami(e) d’enfance toujours présent, qui le commerçant du bout de la rue, qui les voisins du dessus, qui le patron et les collègues.
C’est tout un petit peuple qui naît, chacun touche ou tuyau d’un orgue patiemment construit, longtemps avant que ne vienne le temps de s’asseoir devant lui. Longtemps avant qu’une grande respiration ne précède des doigts en suspension sur l’ivoire, les premières pressions, les notes qui s’élèveront et formeront mélodie, si le tout est bien accordé. L’écrivain est d’abord et avant tout un facteur d’orgue…
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