Premier vendredi de juillet… C’est jour de Vases Communicants ! Aujourd’hui j’accueille Justine Neubach, jeune auteure et photographe de talent, pour un vase félin un peu particulier, une variation autour de l’expérience de Schrödinger. Vous pouvez retrouver la Lettre à mon chat sur son blog

Schrödinger, comment lui est venue l’idée de lier le sort d’un chat à celui d’une particule radioactive ? -l’idée de microscopiser le chat, de protocoliser le chat, de probabiliser le chat, et avec le chat, le panier du chat, le panier de l’homme, et pour finir, l’homme lui-même ? Ce heurt des dimensions, comment est-ce arrivé ? -que l’on puisse dire dans le même temps, pour introduire la désintégration logique de la physique quantique : « je suis dans la maison » et « je suis au-dehors », comment ? Elle n’ont plus de toits, vos maisons ? Elles ont tombé les murs ? Vous les avez construites en vent ?

Julien est vivant et Julien est mort
Le jour tombe

Casserole d’opéra
Tu ne dors jamais tes sommeils

L’un des points importants dans l’expérience du chat de Schrödinger, avant l’intervention du chat, c’est l’élément radioactif et sa fragilité et son incertitude et son intimité. C’est la pensée de l’instabilité la plus profonde, « je ne me supporte pas moi-même », « tout mon corps va pleuvoir en miettes », d’une friabilité inhérente aux noyaux saturés et aux cœurs comblés. C’est l’éphémère et la menace qui sourd. Un état intenable, un souffle suspendu, une bulle sur le point de rompre.

Il est né le soir de sa mort
Sur les villes en friches
Dissonance amoureuse
Des fuites au fond des bras

L’atome, comme l’homme, quelque chose parfois le surpeuple qui ne résiste pas au temps. Il va sa vie d’atome, habité, chahuté, cogné, il s’appelle Uranium, Carbone, mais déteste son nom et une force irrésistible le déteste avec lui ; ça l’arrache de lui ; ça lui prend le visage, ça lui défait le corps par blocs, ça passe, tranchant, par ses entrailles, sans qu’il y ait dans son agonie ni plaisir, ni douleur, ni souffle – seule la dispersion des énergies vitales.

Carbone Quatorze rayonne, il a la mort muette comme l’est celle d’une étoile.
Carbone, enfant trop sage dont les joues mauves traînent après lui.

Son lit est sans explication
Des langues de mer le prennent
Stridente gravité
Et tout tremble, et tout est de marbre

Carbone de nuit n’écrira rien. Il n’y aura jamais que l’homme pour mettre sa mort en poèmes, et pour envisager à quel point nous manquons d’un art du minuscule.

Ce que serait une littérature du carbone, nul ne saurait le dire avec assez de vérité. Pour le savoir, il y aurait une intimité carbonique, à violer. Des yeux à disposer en gueules de pièges pour la surprendre. On s’introduirait en douce dans la chambre de Carbone, et jusque dans ses sous-vêtements, où l’on fouillerait de toutes nos mains ce qu’il couve de plus interdit. Ou bien l’on enverrait le chat. Cela, pour forger la matière d’une poésie radioactive.

Il mort
Il pourtant si présent

Que ça me souvenir
Au vent rieur d’été

Les autres échanges de cette belle journée :

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