En traversant la campagne, en train, un petit trajet de presque rien – moins d’une heure – je regardais le paysage. La campagne, bucolique, verte, gorgée d’eau à faire émerger des petits lacs au milieu des champs, à gonfler des ruisseaux presque confidentiels qui les sillonnent en rivières.
Je repensais que je terminais, Immortelle randonnée, de Jean-Christophe Rufin, sous-titré Compostelle malgré moi. Ce livre me rappelait un autre livre, auto-édité celui-là, écrit par un homme qui, depuis vingt-cinq ans, traversait l’Europe en roulotte.
Je les lisais marcher, l’un et l’autre, le premier avec son sac à dos, le second avec son cheval de trait et sa roulotte… Se jouant des reliefs, se jouant des frontières, se jouant des repères de la société contemporaine, des conditions sociales, de la société de consommation… chacun à sa mesure, chacun avec ses raisons, chacun avec ses engagements moraux, propres.
Je les lisais marcher, l’un et l’autre, et de ce train, ce jour-là, je m’imaginais marcher moi aussi, au milieu de ses paysages aussitôt aperçus, aussitôt disparus, les petits rubans de goudron sinueux qui se faufilent d’une colline à l’autre. Je les lisais briser la routine, sortir du confort du quotidien, d’une certaine facilité – quoique… -, revenir à l’essentiel.
Je les sentais retrouver l’idée même du beau, la capacité à s’émerveiller des choses minuscules, à retrouver le temps du lien avec la nature, temps qui – même pour moi, habitant de province, vivant à la campagne – tend à s’échapper.
Je les lisais marcher, et marcher encore, et je les lisais heureux. Et dans ce train, ce jour-là, même si peut-être celui-ci était la promesse d’avoir le temps de marcher bientôt, je les lisais jaloux.
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