Que deviendrai-je ? Pourquoi est-ce que je me pose encore la question ? Je suis une chenille, animal boulimique qui, piquantes ou pas, avale la plante, la feuille… jusqu’à la chrysalide. Je suis une chenille, je deviendrai un papillon. Fatalité.

Et si j’avais envie d’autre chose ? D’un monde où les chenilles ont le choix de leur avenir… Pourquoi, alors que j’apprécie tant de grignoter la chlorophylle, j’irai tout à coup, ailes déployées, siffloter le pollen des pistils, goûter l’enivrant arôme des fleurs ?

Pourquoi prendrais-je le risque de passer de chrysalide en filet, de filet en bocal, de bocal en vitrine ? Je suis bien, là, sur ma tige, au milieu de la prairie. Personne ne me remarque, ou si peu, pas même un bec d’oiseau. Je suis tranquille. Je goûte les caresses de lumière et d’ombre, je joue l’équilibriste, j’ondule et je danse à chacun de mes pas.

Que deviendrai-je ? Se poser la question, c’est accepter déjà d’avoir passé et présent… Accepter l’hypothèse d’un futur différent. Mais la fatalité de la métamorphose m’enferme. Là, en mastiquant sur cette tige les dernières bouchées d’une feuille, je me plais à penser à tout ce que je ne deviendrai pas, façon bien plus agréable de passer le temps qui me sépare de ce destin écrit d’avance.

Avant que je ne devienne, peut-être, un de ces papillons qui vous fait tant d’effet.


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