Prendre conscience de la réalité d’événements heureux n’est pas nécessairement chose facile. Mettre des mots sur l’état d’esprit qui est le mien, maintenant que mon deuxième roman est en phase d’édition ne l’est pas forcément beaucoup plus.

 

Peut-être est-il encore trop tôt pour évoquer, décrire, les pensées qui peuvent me traverser, m’orienter dans cette période particulière. L’aventure Un dollar le baril a débuté maintenant il y a quatre ans et demi, au moment même où je terminai le premier jet de l’Affaire des Jumeaux de Bourges. L’écriture en elle-même s’était achevée il y a presque 18 mois, et c’était à l’époque un véritable soulagement, une profonde satisfaction également, au regard du résultat : j’avais rempli l’objectif que je m’étais fixé, sur le fond comme sur la forme, alors qu’il s’agissait d’un véritable défi.

 

Trouver un éditeur (en l’occurrence deux) pour le texte, après un an et demi de recherches, devrait donc être une grande joie, une source immense de motivation et d’excitation. Il n’en est rien, si ce n’est au moment de l’annonce (lue ou écoutée).

 

Probablement, comme les sportifs de haut niveau atteignant les sommets de leur art, il faut aussi du temps pour réaliser. Tenir peut-être le livre façonné (le papier et le numérique) entre les mains, avoir les premières discussions avec les lecteurs, lire les premières critiques, comme d’autres enfiler la médaille, entendre la marseillaise, parader en bus devant la foule immense.

 

Aussi sans doute parce que j’espérais dénouement plus rapide au départ, que je commençais à me résoudre à modifier assez profondément mon texte avant de repartir à l’assaut des éditeurs. Parce que pendant tout ce temps, j’avançais vers Trois cœurs en fusion au frein à main.

 

Maintenant, le cordon est coupé, le bébé est entre les mains des éditeurs, il va vivre sa vie autrement que par et à travers moi. La preuve matérielle est le rangement que je vais pouvoir entamer sur l’étagère de la bibliothèque dédiée aux écritures, où toute la documentation, les notes manuscrites et tirages imprimante s’étaient entassées au fil des quatre années. Trier, sans trop jeter tout de même, en vue notamment d’une présentation à faire au cours de l’année prochaine à des élèves de CE2 de toutes les étapes qui conduisent à l’existence d’un livre. Et peut-être à d’autres publics, plus tard ou plus tôt.

 

Une place rapidement investie par les recherches pour le prochain roman, jusqu’à présent un peu à l’étroit. S’investir complètement dans le projet pour ne pas laisser trop longtemps l’impression de vide installée, celle d’un enfant qui quitte la maison familiale. Quand le vide qu’il crée par l’absence permet de réaliser la place qu’il prenait dans la vie, dans le quotidien, la place qui était sienne parmi les pensées.

 

Délivré d’un poids douloureusement agréable, avec en perspective de ne le retrouver que pour des moments de bonheur et de plaisir, c’est pourtant l’envie de substitution qui s’impose, au plus vite. Tout reprendre, tout reposer clairement sur une feuille, et avec méthode dégrossir puis ciseler une troisième œuvre, encore plus exigeante. Depuis un an et demi, un torrent de mots ruminés et d’émotions contenues se tord et se heurte au barrage que mon esprit lui avait imposé. Qu’il se libère maintenant, que je le délivre à son tour, pour qu’ensemble nous grandissions encore.

 

Trois cœurs en fusion, me voilà… Enfin.

 

[pullquote align= »right » textalign= »center » width= »60% »]Crédit photo :
THE PRISONER (O.K. you win, i AM a number!), par Kenneth Barker[/pullquote]


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