Depuis le départ, il y a plus de deux ans, la démesure de ce projet pour quelqu’un comme moi, dans les conditions qui sont miennes, avec mon peu de savoir, sonnait comme une contre-indication. Mais nous savons tous ce qu’est un cœur qui parle, un cœur qui bat. Nous savons que l’acte de création n’est pas un acte raisonnable, il est même par essence un défi à celui-ci.
J’ai donc fini par accepter l’évidence, par m’y résoudre : je ne suis pas capable aujourd’hui, et peut-être même avant 20 ou 30 ans, de mener à bien une telle aventure. Depuis quelques semaines, je sais que je vais passer à autre chose, que je vais ranger dans un carton, et dans un dossier compressé, tout ce que j’ai pu accumuler d’idées, de pistes, de structure pour ce roman qui ne naîtra pas à court ou moyen terme.
Le vide ne s’est pas installé pour autant. Depuis dimanche dernier, un autre projet s’installe, un projet véritablement adapté à mes capacités du moment, dans la continuité de mes premiers romans. Mes nuits ont singulièrement raccourci depuis.
Je ne peux pour autant me résoudre à abandonner Trois cœurs en fusion. Je vais faire mieux que cela. Cette idée de roman, cette structure, ses personnages, les pistes de recherche que je n’ai pu explorer, le savoir dont je ne dispose pas, tout cela ne peut pas se perdre dans un sandwich de poussière et de cellulose, et au milieu d’un entrepôt numérique qui un jour s’effondrera, si je n’en perds pas la clé.
C’est donc décidé. D’ici la fin du mois de juin, sur ce blog, je mettrai à disposition, sous licence Creative Commons – Paternité, mes fichiers de travail, le détail de l’idée, les esquisses des personnages. Libre à celui ou celle qui le souhaite, ou peut-être mieux, à un collectif d’auteurs, de réaliser l’œuvre que j’ai imaginée et qui, si elle n’aboutissait que dans 20 ou 30 ans, aurait perdu de son intérêt, de sa valeur, de son intensité.
Je ne renonce pas à mon projet de roman, je le libère. Peut-être cela ne servira-t-il à rien. Peut-être dans 20 ou 30 ans, si rien ne se passe, je pourrais y revenir. Un autre chemin m’attend, sur lequel je pourrais avancer, sur lequel je sais que j’ai toutes les cartes en main pour aller au bout dès maintenant.
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