Tout s’érode. Avec une fureur patiente, contenue, excavation méthodique. Tout s’érode. Avec cette ordinaire violence qu’à l’échelle de nos routines nous ne percevions plus.
Tout s’érode. La promenade qui n’en est plus. L’empreinte de nos pas, la trace de nos passages, nos dessins sur le sable. L’endroit où nous posions les serviettes avant le bain.
Tout s’érode. Les nuits aux belles étoiles. Les jours de beaux soleils. L’eau a posé ses pieds sur notre territoire, elle reprend ses droits, devant nos protestations dérisoires, un petit tas de sable par ci, un petit rocher par là. Protégez-nous des beautés en colère, ces jours où l’amour qui leur est porté leur importe si peu.
Tout s’érode. L’affront de croire le front nôtre… La vue sur la mer, la mer lui en a mis plein la vue. Avec ses assaillantes sauvages couronnées d’écume, poussées par le sèche-cheveux du bon Dieu à pleine puissance.
Tout s’érode. Giflé par le sable, giflé par l’embrun vengeur, giflé par tout ce que l’océan vomit de l’homme, et qu’il dépose à ses pieds, preuves de son inéluctable triomphe.
Tout s’érode. Telle est la volonté des mécaniques célestes, nous reculerons, nous reculerons. Nous irons ailleurs essayer de reconstruire quelque chose, pas forcément autre. Que d’autres vagues, d’autres matières, d’autres folies, viendront elles aussi emporter.
Tout s’érode. Elle le sait aussi, c’est votre quotidien, jouer à gagne-terrain, compter les points, crier les petites victoires. Il fut un temps, pourtant, où vous ne comptiez que l’un pour l’autre. La dernière vague en aura eu raison.
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