Dans le vent muet qui affole l’hiver
les têtes de cyprès, grattent le ciel
de l’autre côté de la vitre
la vieille à tête d’Apache
châle rouge, oeil blanc
fixe le mouvement de l’horizon perdu
Le Mistral n’est rien pour elle
que ce carreau de bleu
titillé par des pointes de plumes
Des gorgones s’agitent tout autour
Jamais elle ne les voit
Son regard désolé elle l’envoie
de l’autre côté de la vitre
Une petite fille en robe du dimanche.
danse dans la cour
Papa Maman où vous êtes?
La petite fille cesse de danser
et par la vapeur d’eau est avalée
de l’autre côté de la vitre
tout a disparu, les gorgones sont restées.
La vieille à tête d’Apache
ne les craint pas.
Elle cherche dans le carreau bleu
que d’une mine sans graphite
les cyprès griffonnent
de l’autre côté de la vitre.
Personne.
Papa Maman où vous êtes ?
L’amie, l’amant, et toi et l’autre ?
Avalés, fondus dans la vapeur d’eau.
Elle les invoque
parfois
les perd aussitôt
La vieille à tête d’Apache est seule
de ce côté de la vitre.
Seule parmi les gorgones
Si on lui ouvrait le coeur on y trouverait
les squelettes blanchis de ceux qu’elle voulait ici.
[pullquote align= »right » textalign= »right » width= »50% »]Crédits photo : Jean-Pierre Charbonnier (c)[/pullquote]
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