Ce n’est pas l’armure qui fait le héros. Le statut résulte de l’attitude face aux circonstances adverses, du choix qu’il fait, genou à terre, épuisé par la lutte, abandonné par l’espoir, quand déjà tous autour de lui ont péri, renoncent ou s’avouent vaincus.
 
Un grand pouvoir implique de grandes responsabilités. Mais ce n’est pas le pouvoir qui fait le héros. Avec ou sans pouvoir, le héros est la lisière sur la courbe de Gauss de l’humanité. La courbe quelque part coupée en deux par un trait vertical et d’un côté le bien, d’un côté le mal, et à chaque lisière ses héros. Dans le poing fermé qui frappe la terre, qui les ressource, remémore dans leurs chairs et leurs âmes blessés les raisons de leurs combats, leurs faiblesses, les failles qu’ils cachent sous l’armure.
L’instant d’une fragilité infinie, quand tout est perdu. Quand autour de lui, la horde assassine se masse, sans échappatoire. Quand la lame du vainqueur est déjà sur son coup. Quand tout ce qui a été construit, quand tout ce que le monde porte de beauté minuscule frémit de ses dernières étincelles de vie.
Personne par la guerre ne devient grand. Il ne se résigne pas. Il se redresse, seul, et parfois relève ceux qui trop vite avaient baissé pavillon. Il tente un subterfuge. Force la réussite. Transforme l’inconscience en audace. Fait des miracles, parce qu’il a osé les provoquer. Bénéficie d’une chance insolente, sans pour autant croire à la chance.
Ce n’est pas l’armure qui fait le héros. C’est la force avec laquelle il croit en lui, la valeur qu’il accorde à ce(ux) qu’il défend, supérieure au sacrifice ultime, consenti sans hésitation, celui de sa propre vie. La plupart des héros ordinaires n’ont pas d’armure : ils et elles n’en ont jamais eu besoin.

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