Son regard n’existe plus que pour elles. Radieuse, le monde autour d’elle s’évapore un instant, le soleil qui teinte d’or ses cheveux ondulés aussi : elle regarde ses bulles de savon s’envoler, comme si c’était la première fois qu’elle dessinait des bulles, comme si c’était la première fois qu’elles s’en allaient danser loin d’elle.


La petite fille les porte du regard, ces petites sphères irisées de bonheur, mues par l’immensité de ses espoirs. Elle les regarde s’envoler, les petites comme les grosses, comme autant de ses rêves. Comme les grands, elle est décidée à croire que les bulles ne sont pas toutes faites pour éclater. Mais inlassablement, quelques mètres plus loin, plus haut, plus bas, quelques secondes plus tard, tout de suite, elles se brisent en silence, dans un feu d’artifice miniature.

Inlassablement, le souffle créateur, elle relance ses bulles avec la même espérance, la même constance, les voulant chaque fois plus grosses, portées plus loin, plus longtemps.

Son regard n’existe plus que pour elles, et elle brille à son tour de mille émerveillements. Elle les porte du regard comme elle porte ses rêves, dans ce monde qui autour d’elle s’évapore un instant, puis qui se rappelle à elle dans le fracas silencieux des bulles qui s’achèvent, dans la petite brise venue de l’océan qui les emporte trop vite, dans le soleil qui les surchauffe en mille reflets.

Mais la petite fille n’abandonne pas ses rêves pour autant, pas si vite. Elle en fait même mille nouveaux chaque jour, avec cette même facilité qui la pousse à forger ses myriades de bulles. Elle en ferait même sous la pluie, quand il neige, quand il fait froid.

Ne la dérange pas, vilain monde, cette petite fille qui regarde ses bulles s’envoler. Contente-toi de ne pas éclater toutes ses bulles, qu’elle garde longtemps l’envie de souffler des rêves au vent, jusqu’à ce qu’elle trouve cette bulle, la plus belle des bulles. Celle qui n’éclatera pas.


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