Comme tous les premiers vendredis de chaque mois, des blogueurs, des auteurs, des écrivains, échangent leurs blogs. L’espace d’un billet, ils écrivent les uns chez les autres, en tandem : ce sont les Vases communicants. Pour ce vendredi 6 mai, j’ai l’honneur et l’immense plaisir d’accueillir Pierre Ménard. Retrouvez aussi sur son blog mon billet intitulé “La petite fille qui regardait ses bulles de savon s’envoler“. La liste des autres échanges se trouve ici.

Air sans poignée. Un souvenir appelle l’autre, d’accord. C’est ça, c’est exactement ça, nous y sommes. Il convient de se méfier aussi des images, on croit qu’elles sont des raccourcis et l’on s’aperçoit qu’au contraire elles brouillent la pensée et nous emportent nulle part. Remplacer image par le mot image. Bonne idée. Face aux reflets, les interstices opaques. Aux environs du calme. Ce sont les bulles d’avant de même qu’une bouffée. Parce que chacun, griffonnant les marges de sa  peau ou de son cahier de brouillon, est son propre héraut qui raconte comment et où portèrent les marques, à chaque fois que la vie a cogné. Au choix, plus de choix. Et ça signifie quoi ?

J’y reviendrai. Dans une apparence d’innocence. Pourtant, il se donne à l’hypocrisie. Son art est fait pour nos plaisirs et non pour nos besoins. Comme suite de mots lumineux et diversement colorés. Ampoules d’encre et bulles de savon. Prose du besoin, dans le plaisir fait là des bulles fleuries, des brillants de verre, par lenteur laconique. Il faut que chaque mot y tienne l’esprit suspendu. Un charme : l’âme attentive, captive. Une surprise, tout à coup un mot vulgaire devenu si beau, un mot usé devenu nouveau. L’illumination et l’harmonie. Un souffle qui enfle les mots, les rend légers et leur donne de la couleur. Faire voltiger les mots. C’est l’affaire. Le tendre a un fond d’apparence ferme. L’esprit est vif, il veut atteindre. On les voit devant soi, les yeux semblent les lire dans l’espace. Peindre ce qu’on ne peut voir, des éclats notés, des éclats d’éclats, étincelles de la flamme qui vient.

Tout est possible, rien n’est vrai. Derrière les petits carreaux, il tombe avec la pluie une lumière grise très belle, pleine de douceurs d’automne, qui met une étincelle à chaque goutte. La pluie fait monter du pavé de la ville une odeur de campagne, de feuillage et de terre, le vent s’engouffre au coin des rues avec une fraîcheur guillerette, avenues désertes en ce dimanche matin de mauvais temps, ciel gris dessiné d’arabesques par le vol d’oiseaux effilés. Petites gerbes d’eau bondissant sur le trottoir, les bulles irisant les flaques, musicales, ludiques, magiques. Le nez collé à la vitre. L’échelle des choses s’appréhende selon une démesure qu’on passe sa vie à réduire.

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