J’ai donc changé de fusil d’épaule, ces derniers jours… Et je me suis mis (enfin) une bonne dose de « colle à cul » (pour reprendre une expression chère à Elizabeth George, notamment) pour tenir un objectif imposé pour rendre un manuscrit. Je vais finir par croire que c’était ce qui me manquait – ce qu’il me faudrait presque pour enfin aller au bout du troisième, au lieu de tergiverser bêtement.
J’avance, et de temps en temps je suspends mes doigts,. Je me demande ce que cela me fait, ce que cela change, d’écrire autre chose que de la fiction.
La matière que je travaille est une matière maîtrisée, je l’ai exposée des dizaines et des dizaines de fois ces dernières années. Comme quand je commence un roman policier, je connais l’assassin, je connais le déroulement du livre, je sais où je vais.
Mais cette fois-ci je dois donner l’envie de mettre en œuvre, transmettre une façon de faire, engager le lecteur sur un chemin de réussite. Il n’est pas question de prendre du plaisir à raconter une histoire que j’ai envie d’écrire, il n’est pas question de donner du plaisir au lecteur, mais d’être accessible pour être utile. Pas question de dresser des fausses pistes, pas question d’essayer d’endormir la vigilance, pas question de prévoir de multiples rebondissements. Non, rien de tout cela.
Et plus déstabilisant pour moi, je m’adresse aux lectrices et aux lecteurs directement, je m’adresse à « vous », plusieurs fois par page. Je serai à leurs côtés à travers le livre, tout au long du livre, et même après, au moment où ils mettront en œuvre. Il n’y a pas d’autre personnage qu’eux et moi. Et ni eux, ni moi sommes le sujet du livre. Pas besoin de beaucoup d’imagination pour avancer. Peu ou pas de décor.
Quelque chose d’autre que de la fiction… Si loin de mon univers d’écrivain. En terre inconnue, dans un monde si familier et pourtant si étrange.
Oui, mais une expérience ô combien importante, pour demain, pour la fiction même vers laquelle je reviendrai si vite.
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