Doris Lessing au Festival littéraire de Cologne en 2006Voici presque un mois que le prix Nobel de littérature 2007 nous a quitté, à l’âge de 94 ans. De Doris Lessing, je dois reconnaître que je n’ai rien lu, ou si peu. Elle fait partie, comme tant d’autres, de la liste des auteurs – passés à la postérité, en attente de le devenir, ou relatifs anonymes – qu’il faudrait absolument que je découvre ou redécouvre, une liste qui s’allonge d’année en année, et que je regarde avec vertige, ce même vertige qui me prenait jeune en entrant chez Mollat devant les salles entières d’étagères de livres jusqu’au plafond…

Je vis avec ce vertige, et les scrupules qu’il me provoque. Alors, en essayant de lutter contre ce retard, sans aucun doute préjudiciable à la qualité même de ce qui lentement se construit comme une oeuvre, j’ai pris une habitude qui remonte à 1996.

Cette année-là, j’étais tombé dans Le Monde sur un extrait du discours qu’avait prononcé Wislawa Szymborska à l’occasion de la remise de son prix Nobel de littérature. L’extrait s’intitulait « le travail du poète ». J’ai découpé la page du journal, elle est toujours dans une pochette transparente, en tête de mon classeur de travail. Je le relis régulièrement (l’intégralité du texte en anglais, ici sur le site de l’Académie de Suède consacré aux Prix Nobel). Il a toujours la résonance qu’il avait eu en moi à l’époque.

Ces discours, ces textes, j’ai pris l’habitude de les lire ou de les relire, au moment de la remise des prix, comme pour Le Clézio en 2008 (et sa forêt des paradoxes), Hertha Muller en 2009,… ou lorsque l’un de ces illustres vient à nous quitter, telle Doris Lessing le mois dernier. Avec malice, sa Nobel Lecture s’intitulait : Comment ne pas gagner le prix Nobel. Elle y remet magistralement chaque chose à sa place…

Si vous aspirez à devenir écrivain, si vous vous intéressez, même en tant que lecteur ou lectrice à ces différents textes, un des rares conseils pertinents que je pourrais vous donner en ayant la conscience tranquille, ce n’est pas de lire ces témoignages, c’est de vous en imprégner. La plupart contiennent beaucoup plus de réponses qu’il n’y paraît. La contribution que Doris Lessing nous laisse en héritage en fait indiscutablement partie.


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